Trois ductions de Koubla Khan (3/3)

Par Philippe Annocque

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Lire le premier et le deuxième épisodes.

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Voilà ce que j’ai entendu. J’aurais pu entendre autre chose : entendre, c’est comprendre aussi. J’aurais pu entendre tout à fait autre chose. Un nombre infini de versions possibles.
La fidélité joue aussi, à transcrire le son. « Un drôle chou craille » serait sans doute sonorement plus fidèle (on aura reconnu « And all should cry ») qu’« Un drôle choucas craille ». Mais les choux ne craillent pas, contrairement aux choucas. Et peut-être inconsciemment ai-je été influencé tout à l’heure par la mention par Calvino de Kafka, le choucas tchèque cher à mon cœur. Tant de voix se superposent dans les voix de chacun.
Dans un autre livre qui passe par mes mains, Borges précisément évoque « la thèse selon laquelle tous les auteurs sont un seul auteur ». C’est quelque chose qui me parle depuis longtemps, et ça court dans tout ce texte. Ce n’est sans doute pas une conviction, mais c’est au moins un sentiment, que je crois partagé : comment expliquer notre méchanceté envers les livres que nous trouvons mauvais autrement que par la honte que nous éprouvons dans la responsabilité inconsciemment partagée de leur existence ? D’ailleurs là ce n’est pas seulement l’auteur de Pierre Ménard auteur du Quichotte qui parle, à travers lui c’est aussi Emerson cité quelques pages auparavant (« On dirait qu’une seule personne est l’auteur de tous les livres qui existent dans le monde ») puis Shelley. Quel rapport avec Coleridge me dirait-on, si cet article que je pille ici – on aura compris d’où me vient cette absence de vergogne – n’était autre que celui, rassemblé dans ses Enquêtes, que Borges intitule « La Fleur de Coleridge ». Il y cite ce qu’il appelle une « note » de Coleridge, je ne sais où il la trouve : « Si un homme traversait le Paradis en songe, qu’il reçût une fleur comme preuve de son passage, et qu’à son réveil, il trouvât cette fleur dans ses mains… que dire alors ? » Ce motif, retrouvé aussi bien chez Herbert George Wells que chez Henry James, conforte Borges dans un « sentiment œcuménique, impersonnel » (celui-là même, on s’en rend compte au moment de l’écrire, qui me fait si souvent préférer le on au je). Et Borges de rappeler que « George Moore et James Joyce ont incorporé à leurs ouvrages des pages et des pensées qui ne leur appartiennent pas », ce qui fait désagréablement résonner, aujourd’hui que Borges a rejoint les auteurs qu’il citait, les ennuis que l’on a faits à un jeune écrivain argentin, Pablo Katchadjian, pour avoir osé réécrire l’Aleph en l’amplifiant.
La digression décidément est une glissade sans fin, heureusement Katchadjian est aussi, au moins dans son roman Quoi faire, ce qu’on pourrait appeler un écrivain rêveur, ce qui nous ramène à Coleridge et à l’article de Borges qui m’a fait ouvrir ses Enquêtes, lequel n’est pas celui à quoi on a fait référence ci-dessus mais l’immédiat suivant : « Le rêve de Coleridge ». Il s’y agit évidemment de celui à l’origine de Kubla Khan, raconté par le poète dans sa tardive préface. Borges nous apprend que, vingt ans après la rédaction par Coleridge de cette préface, « fut éditée à Paris, partiellement, la première traduction occidentale d’une de ces histoires universelles dont la littérature persane est si riche, l’Histoire générale de Rashid-ed-Din, qui date du XIVe siècle. On y lit : « A l’est de Shang Tu, Koublaï Khan érigea un palais, d’après un plan qu’il avait vu en songe et qu’il gardait dans sa mémoire. » Et l’auteur de ce passage était vizir de Ghazan Mahmoud, qui descendait de Koublaï. » Et Borges d’ajouter : « Un empereur mongol, au XIIIe siècle, rêve un palais et le fait bâtir selon sa vision ; au XVIIIe siècle, un poète anglais, qui ne pouvait savoir que cette construction était née d’un rêve, rêve un poème sur le palais. Au regard de cette symétrie qui travaille sur des âmes d’hommes endormis et embrasse des continents et des siècles, il me semble que les lévitations, résurrections et apparitions des livres pieux ne sont rien ou fort peu de chose. »
On reste sans voix.
Je pourrais recopier tout Borges ; il n’y a pas d’écrivains dont la recopie se justifie davantage – mais le propos de ce projet-ci est plutôt de recopier Coleridge. Je me contenterai donc juste encore de deux citations : « Si ce fait est vrai, l’histoire du rêve de Coleridge est antérieure de plusieurs siècles à Coleridge et n’a pas encore pris fin. » Et, un peu plus loin : « Au premier rêveur fut échue pendant la nuit la vision du palais et il le construisit ; au second, qui ignora le rêve du précédent, un poème sur le palais. Si le schéma se vérifie, quelque lecteur de Kubla Khan rêvera, au cours d’une nuit dont les siècles nous séparent, un marbre ou une musique. Cet homme ignorera le rêve des deux autres. Peut-être la série des rêves n’aura-t-elle pas de fin, peut-être la clef est-elle dans le dernier. »
Rêver et rebâtir autrement que par la maçonnerie le palais de Koubla. Le poème de Coleridge le fait puis rêve de le faire :

Could I revive within me
______Her symphony and song,
______To such a deep delight ’twould win me
That with music loud and long
I would build that dome in air,
That sunny dome! those caves of ice!

Le sujet du poème est aussi le poème lui-même en train de se rêver.

Double arcane

Il y a de belles coïncidences sonores, et l’on a écrit ailleurs qu’il faut compter sur le hasard pour tomber juste. C’est dans Mémoires des failles, un livre tout en on, récemment paru, mais déjà en cours d’écriture (même si tout à fait inconsciemment) à l’époque où l’on a découvert Coleridge, soit en 1983 ou 84. Rendons grâce à l’Université.
Or voici qu’à un moment où je ne pense pas à Coleridge, il y en a, un ami artiste, Philippe Agostini, m’envoie par Internet une belle vidéo onirique et sylvestre, quelque chose qui me parle évidemment beaucoup, et qui accompagne un passage de mes récents Mémoires des failles. Un beau clin d’œil. Le passage est un extrait de la quatrième pellicule du troisième album :

« Parfois il faut marcher longtemps, dans la jungle. On se souvient de la lumière du soleil, qui marbre le sol de taches éparses et parvient verdie par le filtre des feuillages de la canopée. On est alors encore assez ignorant en matière de botanique ; on ne manque pas cependant de reconnaître avec plaisir certaines essences, notamment des érables aux feuilles finement dentelées et aux nervures rougeâtres, ainsi que d’étonnantes formes arborescentes de capillaires aux frondes mousseuses et tendres. Cependant la plupart de ces plantes immenses, aux feuilles parfois étroites, longues et flexibles comme des armes blanches ; on ne les connaît pas. »

Je me rappelle bien cette marche dans la jungle. Il y avait une découverte au bout.

« On suit maintenant un large sentier à travers le sous-bois que le soleil éclaire par larges taches. Puis l’espace toujours plus important entre les arbres annonce l’orée du bois. Au-delà des derniers troncs, on distingue une prairie verte aux arbres larges et isolés. A travers les branches, on commence à discerner indistinctement quelque chose comme un bâtiment de bois ancien, à l’architecture très ouvragée. Enfin on arrive devant un pont couvert, tout en bois et très richement décoré, aux balustrades immenses, mais qui semble déjà vieux et vermoulu. (Depuis lors en effet, de plus en plus souvent, le monde apparaît arborant les marques ostensibles du temps.) Ce pont mène à un grand palais de la même facture, en bois peint, mais dont la peinture s’écaille par places.
On est invités à le visiter. L’intérieur est d’une somptuosité quelque peu dégradée par le temps, malgré les efforts d’entretien du personnel, exclusivement constitué de toutes jeunes femmes dont une fait office de guide. Toutes ces femmes sont chinoises : on est en Chine.
Il règne là une ambiance de résignation laborieuse. Papa, à son habitude, veut prendre des photos, mais c’est interdit : cela pourrait donner l’idée, à des regards occidentaux, d’une situation asservie des femmes chinoises et donner lieu à des critiques malveillantes.
On poursuit donc la visite en se promettant, de retour en France, d’y chercher et d’y découvrir le même palais (puisque, on le comprend à l’instant, il s’y trouve forcément : chacun doit savoir que ce que l’on découvre ailleurs, on pourrait donc aussi bien le trouver chez soi !) : le palais de Tchang Kaï-Chek. »

Je me rappelle bien avoir rêvé ce texte – ou tout du moins l’avoir écrit d’après un rêve. Je sais aussi à quelle époque je l’ai écrit. Ce que je ne sais plus, c’est si c’était juste avant ou juste après ma découverte de Coleridge et ma lecture de Koubla Khan. Mais c’était à cette époque-là. Ce que je sais, c’est que jusqu’à présent, je n’avais jamais fait le rapprochement. Le nom du propriétaire sur la boîte aux lettres m’avait bouché la vue.
Le hasard nous guide. Il a le talent qu’il faut pour faire saillir noir, prophesying war, pour faire saillir du noir le sens. Cesse ton rôle « vous ici » et écoute les ancestral voices. Elles te disent aussi à quel point ce poème te parle à toi de femme et de désir, et comment le hasard de la traduction sonore (ou homophonique, que je n’invente pas, au fait : François Le Lionnais traduisait par « Un singe débotté est une joie pour l’hiver » le vers de Keats « A thing of beauty is a joy for ever » – les anglicistes noteront l’accent quand même assez français de cette translation ; et plus près de nous il y a eu dans un esprit voisin Chair jaune et les « craductions » de Raymond Federman par Pierre Le Pillouër ; et sûrement encore tant d’autres que j’ignore, lisez lisez lisez, read read read, ride, ride, ride à la surface de l’eau) comment le hasard de la traduction sonore, disais-je donne à la damsel with a dulcimer d’autres compagnes cachées, relisez, il y en a plein partout.

Kubla Khan est mon rêve érotique – même si ou justement pour ça Kahn sera chez moi sans que j’y pense le nom d’un héros impuissant, puis celui de l’auteur d’un livre sur la question.

(On ne devrait pas lire en écrivant. Ou alors plutôt si : on devrait toujours lire en écrivant, et rester attentif à ce que le livre lu, surtout quand il n’a pas été choisi par rapport au projet en cours, nous dit du livre en train de s’écrire. Voici en effet que je tombe, en lisant les Œuvres presque accomplies de Guy Bennett, sur le projet de livre (le livre entier est un recueil de projets de livres) suivant :

« Un court recueil de poèmes écrits en transcrivant les paroles de chansons inintelligibles. Pas très différent de la traduction homophonique… »

Les paroles des chansons sont toujours inintelligibles. On finit par les comprendre avec un effort mais rappelez-vous, quand vous étiez enfant ; elles n’avaient pas besoin d’être en anglais pour être inintelligibles. On les comprenait quand même. On le comprenait quand Adamo chantait
Oui tu l’auras ton orange
Ne fais pas ces yeux, Philippon…)

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Il y a longtemps – même si déjà je ne chantais plus Adamo –, je me suis dit que pour traduire Coleridge, qui respecte les règles de métrique de sa langue et de son époque, il faudrait tenter de redire la même chose en respectant les règles de métrique de ma langue et de son époque.
Peut-être ce projet avait-il des modèles inconscients. Un autre poète rêveur tant de fois lu et relu, Nerval, avait fait la même chose pour Lénore, la ballade de Bürger, à laquelle il donna me semble-t-il au moins deux versions différentes, en vers français. Avec sa dimension narrative et son sujet entre vie et mort, c’est plus au Vieux Marin de Coleridge que cette ballade pourrait faire penser, et c’est d’ailleurs – même si je ne me rappelle pas avoir vraiment pensé à Nerval ni à Bürger à ce moment, je ne me rappelle pas avoir pensé à quoi que ce soit –, c’est The Rime of the Ancient Mariner que j’ai d’abord glosée en quatrains d’alexandrins croisés – car même en anglais les quatrains y sont majoritaires. Et puis la forme une fois inscrite en moi, au terme de six cents vers, incapable de m’arrêter, j’ai poursuivi avec Kubla Khan, et ça a donné ceci :

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Xanadou

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Or ce jour fut celui d’un décret mémorable :
Koubla Khan ordonna qu’un dôme de plaisir
S’érige en Xanadou, ce pays improbable
Où les flots de l’Alphée s’écoulent à loisir.

Là, le fleuve sacré oriente et gouverne
Son eau claire à travers les noires profondeurs
De la terre où s’entrouvre une haute caverne,
Un espace intérieur impensable aux sondeurs.

Les flots torrentueux se perdent en cascades
Dans les noirceurs sans fond des gouffres en sommeil
Où l’onde qui se courbe en de larges arcades
Pénètre dans le cœur d’une mer sans soleil.

***

Ainsi fut circonscrit de tours et de murailles
Un domaine atteignant cinquante mille arpents
Où de vertes prairies aux gracieuses rocailles
S’ornaient de frais ruisseaux et d’arbustes grimpants.

Il s’exhalait des prés des senteurs délicieuses
Qui embaumaient les monts, imprégnaient les forêts
A la flore opulente, aux essences précieuses ;
Messages fabuleux des antiques secrets !

Profondeurs d’un abîme ouvert sous la colline
Qu’ombrage le feuillage obscur et épineux
D’un cèdre séculaire énorme et qui domine
Les abords du farouche et du vertigineux !

Sauvage lieu d’essence enchantée, consacrée
Aux folies d’une femme enflammée d’un amour
Que son démon d’amant plus ardemment recrée
Aux feux évanescents de la lune et du jour !

Depuis cet insondable abîme qui bouillonne,
Comme soulevé par un grand halètement
De la terre soudain jaillit et tourbillonne
Le flot d’une fontaine aux éclairs de diamant.

Au travers des puissants surgissements de l’onde
Fusaient à tout moment des rochers colossaux,
Comme des grains de blé s’envolent à la ronde
Sous les coups répétés des fléaux et des faux.

En un domaine immense étirant son méandre,
A travers les vallées, les forêts et les monts,
Pour dans le gouffre obscur et sans fin se répandre,
Le flot sacré laissait ses fertiles limons.

Enfin des trombes d’eau la clameur magistrale
Depuis les profondeurs de la mer redoubla
Et résonna pareille à la voix ancestrale
Qui prédisait la guerre à l’esprit de Koubla !

***

Du dôme de plaisir l’ombre claire et diaphane
Nage parmi les flots à jamais répandus,
Tandis que de l’abîme et de la source émane
L’harmonieuse rumeur de leurs sons confondus.

Chauffé par le soleil, inondé de lumière,
Un dôme de plaisir a sous sa fondation
Un abîme de glace et de ténèbre entière.
Miraculeux dessein ! prodigieuse invention !

***

Un soir, j’eus la vision d’une vierge abyssine
Qui, jouant un doux air, à mes yeux se montra ;
Et j’entendais le chant de sa voix cristalline
Célébrer les merveilles du mont Abora.

Puissé-je au plus profond de mon être revivre
L’unique symphonie, l’harmonie de son chant,
Qui d’insondables joies, de délices, m’enivre
Et me ravisse enfin au monde du couchant !

Alors, dans cette voix divine et musicale,
Pourrais-je me bâtir, perdu parmi les airs,
Ce dôme de soleil, cette glace abyssale,
Dont cet air éternel peuplerait les déserts.

Et tous ceux qui auraient ce qu’il faut pour entendre
Contempleraient le gouffre énorme se creuser
Et s’ériger le dôme et les flots se répandre
Et l’océan mugir et la source fuser !

Et tous ils s’écrieraient : « Prenez garde à cet être
Celui dont les éclairs illuminent les yeux,
Lui, dont la chevelure aux grands vents s’enchevêtre !
Vous tous, écartez-vous désormais de ces lieux !

Détournez vos regards pleins de saintes paniques,
Tracez autour de lui trois cercles agrandis,
Car il s’est abreuvé de l’eau sombre des criques
Et il a savouré le lait du Paradis. »

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Je n’ai pas sous les yeux ce que j’ai écrit. Je n’ai pas le poème non plus. Je n’ai pas non plus l’ordinateur où j’écris habituellement – sinon évidemment j’aurais le texte, le sien, le mien, le nôtre. Par cœur, je ne connais que le début :

In Xanadu did Kubla Khan
A stately pleasure dome decree
Where Alph, the sacred river, ran
Through caverns measureless to man
Down to a sunless sea.

L’image s’y superpose du portail de Xanadou filmé dans l’obscure clarté de la caméra d’Orson Welles de Citizen Kane.
Orson Welles de Citizen Kane. Orson Welles est l’œuvre de Citizen Kane, Citizen Kane a créé Orson Welles. L’auteur est l’œuvre de ses œuvres. Il y a longtemps que j’ai compris ça, en écrivant le livre qui m’a fait et qui n’est pas paru et dont je terminais d’écrire le premier état à l’époque où, à l’Université, je découvrais Coleridge.
Le jeune homme restait à regarder le pleasure dome, ce mont de Vénus rêvé qui plaît au genre d’homme décrit – dans le Double arcane. Le genre d’homme décrit est donc aussi un genre d’homme d’écrits, lequel s’efface devant ses écrits. Il sait déjà que ses écrits ne sont pas les siens. Les écrits n’ont pas de nom d’auteur, écrits qu’ils sont avec des mots partagés.
Puis il pénétrait, suivant le cours de l’Alphée, désireux d’être Alphée lui-même, dans les profondeurs de la femme-paysage, jusqu’au secret de la mer intérieure.
Ce n’était pas un poème d’amour. C’était faire l’amour même. Être le démon d’amant, l’amant des monts, l’âme en des mots qui pour elle recrée le poème – que bien sûr la peau aime. Traduire n’était pas trahir, oh non. Traduire était juste une autre façon de dire. Il y avait une infinité de façons de dire. Une  infinité de dictions. Une infinité de ductions. « La duction est un mouvement de rotation ou de roulement de l’œil », dans le vocabulaire médical.

Faire l’amour, c’était construire, bâtir, édifier, bien sûr : ériger. On ne cesserait plus, des années durant, de faire des rêves d’architecture. Il y aurait d’autres palais que celui Tchang Kaï-Chek.
Construire, bâtir, ériger, c’était écrire. Écrire ne demandait rien. Nul support, nulle matière. Écrire était l’art pauvre. La voix y suffisait. Puissé-je au plus profond de mon être revivre l’unique symphonie, l’harmonie de son chant, qui d’insondables joies, de délices, m’enivre et me ravisse enfin au monde du couchant ! Alors, dans cette voix divine et musicale, date huit m’y ose éclatante langue, with music loud and long, I would build that dome in air, that sunny dome ! those caves of ice !

Le pauvre pouvait écrire son palais.
Et il n’avait guère fait autre chose. Il n’en avait même pas eu conscience, toutes ces années, toutes ces années passées à écrire, qu’il ne faisait qu’écrire son palais. Au terme de quoi, une vie plus tard, à regarder en arrière, il ne savait toujours pas à quoi il avait goûté, quel était ce lait de paradis, ce troc de mise aux paire d’as – sauf à jouir d’un long frisson les yeux fermés.

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*Avec la participation de :

Salvatore Adamo
Philippe Agostini
Philippe Annocque
Guy Bennett
Jorge Luis Borges
Gottfried August Bürger
Dino Buzzati
George Gordon Byron
Italo Calvino
Ernest Hartley Coleridge
Samuel Taylor Coleridge
Ralph Waldo Emerson
Raymond Federman
Henry James
James Joyce
Franz Kafka
Pablo Katchadjian
Kubilaï Khan
Christian La Cassagnère
François Le Lionnais
Pierre Le Pillouër
Pierre Ménard
George Moore
Gérard de Nerval
Henri Parisot
Marco Polo
Samuel Purchas
Rashid al-Din
Percy Bysshe Shelley
Orson Welles
Herbert George Wells
and many others
dont vous-mêmes, amis lecteurs, qui n’êtes pas les plus innocents.

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[Photographie de Patrick Wack]

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