Pluie de météores (2)

par Virginie Poitrasson. Lire le premier épisode

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– Les chiens avec leurs pattes déplacent les signes.

– Observer les fulgurations, esprit et corps d’un seul tenant.

– Couleurs, formes, éclats sont les mesures qui révèlent.

– Savoir regarder ces jets de graines et leurs divers rebonds au sol.

– Et pourquoi pas s’entourer de prodiges, qu’ils soient incendies, tonnerres, immersions, monstres informes, comètes, etc.

– Miroir aux anomalies, aux reflets tremblants pour mieux y lire nos troubles sourds.

– Jour et nuit, tout en ce monde, tout se sent toujours périr. Toujours.

– Lire cette portion de ciel, une fois dans le moment, une fois seulement. Décider de livrer bataille.

– Le début débute toujours par une longue descente, une longue et lente descente.

– Ce n’est pas sans sauvagerie, une sauvagerie brutale viscérale dans un cri.

– Respiration des premiers jours, sueur collée à la peau, parcourant les bois noirs.

– Il y a cette peur de tout, qui est en tout, en qui tout est, par qui tout se dit.

– Cercle des cris, cris en cercle, et s’écrit les cris des bêtes, et s’écrit vos cris, et s’écrit mes cris, et s’écrit nos cris, et s’écrit les cris des chiens.

– Suivre ton regard : la lumière fait partie du sujet.

– La lumière suit une ligne brisée. Celle de nos effrois. Pourtant elle rayonne toujours aussi haut.

– Voir d’en haut, voir d’en bas, seul le volume d’air posé à la surface varie.

– Tout est en tout frappé de catastrophe.

– Nous sommes cernés de nocturne.

– Des phrases de peur.

– Semer des phrases de peur et aimer s’y frotter.

– Entassées, vives et alignées.

– Toute pensée garde en bouche un goût de poussière.

– Disperser dans l’air la poussière qui s’élabore en nous. À l’abri de l’ombre.

– Mesurer la part de vide dans chaque catastrophe.

– Se laisser faire. Peur, peur, peur. Trois fois au minimum. Adorée, détestée.

– En faire ouvrage sur soi et hors de soi, déverser ses mélanges.

– De la lumière blanche enveloppe tout. Une pièce en blanc donne sur l’autre, en blanc également, tout transversalement blanc.

– Quelle est la longueur du vide ? Est-elle mesurable en nombre de silence ? En pesées gravitationnelles ? En tremblements permanents ?

-Se rêver saut périlleux, débaroulant la colline. Être à la source du mouvement.

– Déployer la catastrophe en nombre, sans la résoudre et changer d’angle.

– Les yeux au plafond, plonger dans nos peurs placées au fond des uns des autres.

– On ne cesse de contenir son propre effondrement. 

– Tomber à l’envers ou à l’endroit.

– Nous portons notre propre attraction. Empreinte négative.

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extrait inédit de Conjurations, météores, etc.

[Illustration : « Plage au clair de lune », tableau de Léon Spilliaert]

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