La Pédagogie noire (1/3)

par Georges-Léonore

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____I

La pédagogie noire
Enfant c’est pour ton bien
Commence Tiens-toi droit
Ne touche pas c’est sale
Nous serons redressés
Anges vous nous blessez
Votre verge c’est la
Lumière nous la bé
Nissons Anges parents
De l’âme nous baisons
Vos rigueurs exemplaires
Nous sentons la poussière
Sous vos rayons vibrer
Souffrir dans notre corps

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____III

Pâle seigneur de landes
Bardées de fées fleuries
De fleurs de feu où dansent
De très lents soleils noirs
Et les nymphes fragiles
Peaux de charbon d’ivoire
Toutes métamorphoses
Sur la soierie des eaux
Tel dans quelque manoir
Éperdu d’ombres feues
Drogué du lait du rêve
Tristement archaïque
Quand buguent les robots
Je vis disparaissant

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____XVI

Les Anges sont violents
On ne peut soutenir
Leurs feux. Éclat sont-ils
Pur et violence et feu
Et leur visitation
Déchirement de l’être
C’est le fer bisaiguë
De lames flamboyant
Perçant ouvrant coupant
Le cœur. Trop de beauté
Comme trop de malheur
Dévaste. Les artistes
Ont, comme les tueurs
Vu de trop près les Anges.

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____LXXVIII

Il n’y avait que toi
Ma fée de Brocéliande
Tu perds et tu transformes
Les ombres en oiseaux
Ton visage sortait
Du tourbillon de tes
Cheveux (une tempête
Dessinée au fusain)
L’amour le sein l’épaule
La vitre tendre et bleue
Le temps main dans la main
Ma belle je t’en prie
Dans ces forêts de cris
Infiltre ta lumière

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____LXXXII

La fée Haine-de-Soi
Et la fée Narcissisme
Dans la forêt – à poil –
Se gourmandent – les ongles
Peints svp et longs –
Rageuses domina
Trices et tour à tour
Dominées longues verges
Claquant – leurs fesses rou
Gies et dents découvertes
– Tout le jour. L’éclairage
Varie du sombre au rose
Au noir. Et la fée Mau
Vais-Goût – à l’écart – filme.

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____CIII

Hantés par Seth parages
Déchiquetés maudits
Morcelé mille fois
Je suis et les lambeaux
Sanglants geignent l’oryc
Térope dans son rire
De hyène enfoui sort du
Terrier de l’âme car
Ici c’est la nuit noire
Ici c’est la nuit noire
Les bouts ne se rassem
Blent pas éparpillés
Vienne-m’en aide Isis
Toi la Sœur et l’Aimée

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____CLIV

Ô toi la nullipare
– Ne demande pardon !
Ô toi petit malfrat
– Ne demande pardon !
Ô toi le long chômeur
– Ne demande pardon !
Ô vous les militantes
– Ne demandez pardon !
Ô vous les insurgés
– Ne demandez pardon !
Ô toi le dépressif
– Ne demande pardon !
Athées ou religieux
– Ne demandez pardon !

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____CLXXV

Découpe lentement
Un trou au cœur du masque
Découvre-moi tes dents
Suce avec un sourire
Ah ! Puisque c’est la peste
Que s’adaptent nos jeux
À quatre dans ce lit
De lupanar mêlons
Bave, miasme, nos vices
Croisons regards improbes
De grand plaisir exor
Bités. Au noir château
Patientons mes amis
Durant l’épidémie

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____CCXXXVI

Là immobilisés
Dans l’attitude du
Plaisir, statues de feu
Et désirantes toi
Renversée comme étang
Et grive moi courbé
Comme saule pleureur
Quel est ce fou bonheur
Qui passe à travers nous
La nature amoureuse
En nous se rejoignant
La forêt le divan
– Chère, la poésie :
Prolonger notre rut

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____CCXXXIII

L’angoisse du morcel
Lement Zagreus Osi
Ris Orphée déchirés
Le pied à soi qu’on perd
Bébé cette main est
-Elle bien à nous la
Forêt avec ses arbres
Elle est beaucoup fées por
Celaine brisée ru
Isseau neige froid pommes
Anus belle épouvante
Se promène alentours
La dent s’arrache et l’ongle
Se ronge noir de boue

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.[Illustration : Pieter Brueghel l’Ancien, « Le Triomphe de la mort »]

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