par Frédéric Forte. Lire les 7 premiers sonnets de la Couronne.
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8.
du monde infraordinaire presque rien
– ne sourd à la télévision on n’en parle
– pas quelquefois on se dit qu’il faudrait plus
– de brouillard de féminin de pamplemousse
plus de ces choses-là qui se font entendre
– pile au moment où l’on ne s’y attend pas
– mais comment faire après pour garder la ligne
– qu’on s’était fixée pris dans le flou on prend
des notes à chaque instant tout a un goût
– de première fois une manière d’être
– là tout à la fois manifeste et furtif
quand le sentiment général nous déborde
– et qu’on cherche dans le chaos un accord
– qu’on voudrait tirer de soi en fin de compte
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9.
qu’on voudrait tirer de soi en fin de compte
– comme une évidence ça paraît certain
– vu depuis la table mais il faut sortir
– de la comptabilité trop générale
sans quoi c’est sûr on ne s’en sortira pas
– on pousse la porte et qu’est-ce que l’on trouve
– de l’autre côté un espace à remplir
– de gestes plus concrets le contraire en somme
de ce poème qui lui aussi serait
– une porte mais fermée décidément
– alors par la fenêtre venir au monde
ou plonger en expédition dans les branches
– y passer son temps avec l’idée d’un jour
– remonter exactement à la surface
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10.
remonter exactement à la surface
– même avec le plan parfois c’est compliqué
– la plupart du temps la notice ikea
– est tenue à l’envers et l’on apprend bête
ment à nager in situ dans le fractio
– nné notre cogito ergo sum est tout
– sens dessus dessous on se heurte sans cesse
– au principe de réalité sous cloche
on fait des bulles qui contiennent des i
– dées discontinues des pensées toutes nues
– à rhabiller bonjour les scaphandriers
maintenant qu’on a visité chaque faille
– pour mieux se rappeler l’amont on avale
– des choses voilà comme un bon gros poisson
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11.
des choses voilà comme un bon gros poisson
– qui s’extrait importé peut-être d’une autre
– fable dans l’instant on ne comprend pas trop
– ce qu’il vient faire là et le comme même
nous échappe à moins qu’on ne souhaite être comme
– lui sis tout entier dans la comparaison
– être lui un poisson ou quasi et fuir
– le sentiment général s’il est possible
pour mieux s’inclure dans le particulier
– la douche plutôt que le bain bouillonnant
– remettant les troubles du monde liquide
à plus tard pour une petite banquise
– privative ou pour finir en bout de ligne
– pris dans les filets de quoi on ne sait pas
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12.
pris dans les filets de quoi on ne sait pas
– toujours comment répondre à la question elle
– en suspens et nous avec pour un peu on
– cesserait en tout mais quelque chose pousse
à dénouer les nœuds c’est la tête qui parle
– ou alors le corps en tout cas le cœur n’est
– que rythmique un rien qu’à soi et qui mesure
– le temps des choses passées à l’intérieur
à l’extérieur le monde informe le monde
– dans le flou continu des conversations
– a-t-on l’impression d’être resté au bord
qu’aussi sec on se retrouve au beau milieu
– pataugeant sans le savoir dans la réponse
– la matière de la poésie peut-être
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13.
la matière de la poésie peut-être
– ne rapporte rien juste un zeste de vert
– dans l’orange crépuscule et puis rideau
– de brouillard comme ça sur le paysage
du coup on opterait pour une remise
– des compteurs à zéro que tout soit égal
– dans la langue coucher de soleil valant
– camion-poubelle ou toutes choses auxquelles
on pourrait penser si tant est que l’on pense
– dans un poème et on les transformerait
– en nul autre objet que celui-ci un bruit
qui s’ébruiterait jusqu’à ce qu’il s’éteigne
– de lui-même ou soufflé par plus grand vacarme
– cela même qu’on aimerait renverser
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14.
cela même qu’on aimerait renverser
– nous renverse à chaque fois c’est une image
– qu’on ne voit pas mais est-ce alors une image
– et ne serait-ce pas nous les imagés
le sentiment général serait ainsi
– le titre rêvé du film documentaire
– dans lequel on n’arrête pas de tourner
– tous en plan serré les uns contre les autres
à l’heure où l’on se parle personne encore
– n’a dit coupez les lumières continuent
– de clignoter et dans le long traveling
qui nous ramène à notre point de départ
– on aperçoit le début de quelque chose
– or ce n’est pas le moment de commencer
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or ce n’est pas le moment de commencer
– à considérer toutes choses égales
– parce qu’il y a un sujet qui se cache
– au grand jour visible de tous à l’œil nu
mais inaperçu dans son clignotement
– c’est un paysage en système binaire
– quelque chose qui ressemble à une ligne
– du monde infraordinaire presque rien
qu’on voudrait tirer de soi en fin de compte
– remonter exactement à la surface
– des choses voilà comme un bon gros poisson
pris dans les filets de quoi on ne sait pas
– la matière de la poésie peut-être
– cela même qu’on aimerait renverser
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