Deux sonnets

Par Laurent Demoulin

.

.

Laurent/ce

De Laurence à Laurent n’est qu’une différence
Car l’homme est une femme en un corps d’homme encore
Et la femme est un homme habitant dans son corps
De Laurent à Laurence est une ressemblance

De Laurence à Laurent tout est doux tout est dense
Même le doute est doux comme en un double accord
Un alliage oublié soudant le miel et l’or
Même ta danse est dense au bal de l’évidence

Je ne t’attendais pas mais tu es là patiente
Généreuse et loquace astucieuse apaisante
Je ne t’entendais pas : tu es entrée sans bruit

À pas de loup à pas de louve à pas de lune
Mais ton rire au soleil nuit à mon infortune
Comme un phare à feux doux écarquillant ma nuit.

.

.

Mort marre

J’en ai marre que mes parents soient morts
Marre que leur mort soudain redémarre,
Que ma mère meure et remeure encore,
Ma mémoire stagnant comme une mare,

Comme une amarre arrimant un steamer,
Un miroir qui dans un miroir se mire,
En reflétant sans cesse leur tumeur,
Et en dupliquant leur dernier soupir.

J’en ai marre que l’absence perdure,
Que leur voix dans le silence se mure,
Que le temps fuie sans le moindre remords,

Marre de ne plus embrasser ma mère,
Et de n’apprendre plus rien de mon père.
J’en ai marre que mes parents soient morts.

.

.

Laisser un commentaire