Par Philippe Fumery
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sur le départ
ne sais ni l’heure ni le jour
sur le quai les billes de chêne
le bois de charpente
raclent les pavés de grès
les ancres forgées
grands travaux dans le port
la citadelle
caravelles par dizaines
dans la rade rassemblées
les mâts balancent
voiles carguées
le bois craque
il gèle à pierre fendre
toute la forêt craque
froid intense
la glace prend les rives
les bassins
sur les quais
quilles posées sur les tins
même bois
mêmes formes
l’étrave pièce par pièce
côtes d’un torse à demi redressé
nefs en chantier
charpentiers perchés
scieurs de long affairés
échelles échafaudages
martèlement incessant
résonne dans le port
les carènes la poix fumante
l’écorce des chênes du tronçais
mon père repose
sous les dalles bleues
la grande nef
au cœur de la cité drapière
ombre de son ombre
mettre ses pas dans ses pas
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