Par Romain Fustier
Extrait d’un travail en cours
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ce sentiment de marcher là où personne
n’a encore marché, je l’éprouve comme
elle sur cette grève à marée basse, à
cet instant – aucune trace de pas qui
soient passés avant nous – une illusion de
sonder une terre-mer inconnue, vide
qui m’habite tout à coup, déambulant
: la plage immense semble naître par nous
qui la découvrons ainsi qu’un continent
infoulé, abrité des foules urbaines
– le vent vif et mordant a renouvelé
la côte, l’a revigorée : sauvagiode
de dunes se formant le long des régions
où nous avançons en sol meuble, mobile
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elle fait un bruit fou, la mer – elle avise
que nous ne nous entendons plus quand le flot
se fracasse sur les rochers, au pied du
poste de surveillance fermé en cette
saison – il a déjà vêtu l’estran, di-
géré la plage où nous marchions le soir de
notre arrivée, jouions au ballon là où
de méchantes vagues moussantes se forment
– le boucan aussi est blanc parmi le blanc
qu’elles abattent : nos paroles s’y en-
volent, s’y noient dans le vent fort autour
de nous – la grève a disparu à marée
haute, m’absorbant dans l’observation franche
de la paix qui en découle étonnamment
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