Tentatives d’apparition de la forêt en soi (1/3)

par Hélène Grimaud

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[Intro]

De manière générale la forêt pousse à l’intérieur de ma tête.
La forêt n’est pas secondaire.

Les phrases surgissent de la forêt un peu comme des animales sauvages.

La phrase nous adresse des images.
Les images nous comprennent.

Dans l’ensemble le milieu de la phrase n’est pas naturel.
La forêt s’adapte au milieu ou l’inverse.

Je fais des trous ou des tours ou détours dans la forêt de ma tête en tant que personne à part entière.
La personne est amplement perméable à la pluie.

Les phrases se superposent et s’enchevêtrent sous nos yeux.
La rivière coule à travers.

Phrase et forêt sont amplement favorables aux apparitions.

La forêt pousse sous nos yeux.
La personne pousse à travers.

La phrase fait les choses bien.
La forêt n’est pas géo-localisable.

Au bout du conte c’est merveilleux.

Nul n’est à l’abri.
La forêt gagne.

De manière générale la phrase [1] s’aligne sous nos yeux.

La phrase est amplement perméable à la pluie.
Le champ de la phrase est ouvert.

La phrase recycle aussi ses propres déchets.

Le champ jouxte la forêt.
La rivière coule à travers.

La forêt pousse à l’écart au prolongement de la phrase et du champ voire en soi au milieu.

De manière générale la pluie tombe sous nos yeux.
La pluie est amplement favorable aux apparitions.

La personne pénètre dans le champ à part entière au détour de la phrase.

Parfois au-delà du champ en contrebas de la rivière la personne ou la forêt trouve moyen d’apparaitre au bout de la phrase sous la pluie.

Les apparitions se produisent à distance ici-même en direct ou différé plus ou moins léger et dans le champ de la phrase sous nos yeux voire au niveau des hellébores et des fougères vers les prêles et sous les mousses ou lichens.

L’air est frais aux abords de la forêt.

La pratique du vagabondage est amplement recommandable en soi.

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Certaines phrases [2] se développent et s’évasent sous nos yeux tandis que d’autres végètent puis s’étiolent en temps réel.

Parfois la phrase où la forêt pousse traverse la personne.

La phrase ‒ la forêt ‒ la personne ‒ le champ ‒ la rivière peut-être ne valent pas toujours la peine ou le détour – pas toujours
‒ que la personne fasse halte à peine sous nos yeux au détour.

Dans l’ensemble les apparitions forestières ne sont pas spectaculaires.

Les phrases ne vont pas toujours de soi ou de paires cependant la [2] est imparable en soi et amplement compréhensive au milieu.

La personne s’aventure de manière générale dans le champ de la phrase [2] et se dirige parfois vers la rivière.

De manière générale la pratique du vagabondage ne requiert pas de certificat médical tel que peuvent l’exiger la spéléologie exploratoire ou la plongée apnéique.

Au retour la personne s’étend sur l’herbe à part entière et s’endort parfois au bord de la rivière.


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A échelle paysagère la forêt de ma tête comprend le massif des Mourres ‒ le Largue ‒ les collines invisibles de la Roche Amère et l’ombre du versant ouest.

Parfois le champ de la phrase pousse sans fin en soi.

L’herbe est haute.
La rivière coule à travers.

De manière générale [3] le champ nous comprend dans l’ensemble en tant que personnes à part entière.

Au printemps les bourgeons éclatent.
Les feuilles verdissent.

L’écorce des grands arbres se couvre de mousses et lichens.

La phrase exhale des senteurs de mousses et lichens, prêles et fougères ou fraises des bois.

Parfois la forêt s’étale à perte de vue au de-là de la phrase et des talus qui hérissent les bords de la rivière.

Parfois je me promène longtemps au réveil.

Au retour la personne métabolise la chlorophylle amplement au niveau des rhizomes, radicelles et racines.




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Entre nous dans l’ensemble la phrase [4] se ramifie sous nos yeux.

Les ramifications des tiges et racines de la phrase [4] et ses embranchements sont
de nature ligneuse et flexible.

La phrase compose au revers sous nos yeux une zone de rêves amplement habitable en soi.

La zone au revers est en interne accessible au passage dans la forêt de nos têtes.

Parfois les rêves et revers comprennent une surface de réparation à l’intérieur du champ de la personne laquelle transforme la surface de réparation en aire de détente et repos.

L’aire de détente et repos ainsi que la surface de réparation sont amplement désirables et aménageables en soi.

La phrase n’a que faire de béton cellulaire, d’OPA ou d’EPR.

La rivière coule à travers.

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De manière générale [5] la phrase ‒ la forêt ‒ la personne ‒ le champ ‒ la rivière s’organisent en réseau ou se superposent sous nos yeux.

La forêt pousse parfois en soi-même à l’orée de la phrase au réveil.

Dans l ‘ensemble au réveil la forêt ne manque pas d’air mais plutôt de creux et reliefs.

La personne pousse amplement à partir de la phrase.
La forêt nous pousse à partir de la phrase.

L’apparition de la forêt requiert l’ouverture d’une brèche dédiée à l’accueil des creux et reliefs.

Dans l’ensemble les apparitions forestières sont de nature mi-végétale mi-animale et se rétractent ou s’évaporent à la moindre variation de lumière et du taux d’humidité de l’air.

La lumière et le taux d’humidité de l’air modifient amplement la nature du milieu de ma tête et réorganisent l’étendue de la phrase ̶ la variabilité de la personne ‒ la profondeur du champ ‒ le cours de la rivière et l’épaisseur de la forêt.

De manière générale la plupart des apparitions forestières passent inaperçues et demeurent invisible à l’œil nu.

Certaines se maintiennent dans l’ombre par nature alors que la forêt se manifeste en soi-même.

De manière générale la phrase [5] traverse puis déplace la personne ou l’inverse.

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Les tentatives d’apparition de la forêt en soi ne se déroulent pas suivant le spectre [6] d’un schéma narratif linéaire et rectiligne.

De manière générale et dans l’ensemble les lignes sont courbes et les contours sinueux.

Les phrases se multiplient.
Les arbres élèvent leurs branches au-dessus de nos têtes.

Parfois les rameaux dormants au milieu de nos têtes se lignifient en espèces arbustives lesquelles se condensent en bosquets au bord de la rivière l’espace d’un instant comme rêves ou nuages et puis s’effacent.

La fréquence et la qualité des apparitions dépendent amplement de la perméabilité de la personne ‒de la clarté du ciel en interne et du taux d’humidité de l’air.

Dans l’ensemble la personne ne manque pas d’air.

La phrase trouve toujours moyen d’apparaitre ici et là ou de disparaitre à hauteur de feuillage pieds nus dans la forêt.

Parfois la phrase et la forêt restent en soi à l’état gazeux.

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De manière générale la phrase [7] serpente et se fourre sous nos yeux – enfin s’ensauvage au milieu.

Le milieu de la phrase n’est pas naturel mais la sève forestière circule en interne via nos rhizomes ‒ nerfs ou nervures et racines.

La personne se fourre sous nos yeux au détour de la phrase [7] et se plante un temps infini au beau milieu du champ.

La phrase [7] sollicite la personne au niveau de ses rhizomes ‒ nerfs ou nervures et racines et l’entraine parfois vers des trous d’ombre ou de lumière et d’eau ou de terre entre la roche et les pierres sous les mousses et fougères au pied des grands arbres vers les lierres, les animales et les fleurs.

Parmi les animales et les fleurs il y a les fantômes et les mortes.

A force d’engagement dans le champ de la phrase voire la forêt la personne développe une hypersensibilité oculaire ‒ des radicelles ‒ un exosquelette ‒ des organes intersexuels et parfois des antennes réceptives rétractables.

Parfois des branches partent de son tronc.
L’herbe pousse au sortir de sa bouche.

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