Les Genoux les gestes (1/3)

par Yann Miralles

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LES GENOUX LES GESTES (tous confins)

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« L’enfant chante en parlant. Il est tout langage. Non, tout est dans son langage. Les gestes de son corps parlent dans une écriture qui danse. L’air est sa page : sa voix avale le monde. L’enfant lui parle en chantant. Il naît au monde de l’enfant en prenant tout de cet air, de cette voix. Un chant peut-être. Comme le vent dans les roseaux. Le vent dans les ailes jusqu’au Sinaï. »
_________________________________Serge Ritman, La réciprocité

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poser les genoux sur la margelle, légèrement basculer le bassin et hop ! monter l’autre jambe, les
________quelques centimètres au-dessus de la terrasse & tu avances

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ou plus tard tu te lèves, marches – et c’est pareil : le quatre-pattes de la prose ou
_______________________________la verticalité
____________________________________du
___________________________________vers

sont la même ligne qui se cherche & qui va, la même corde
pincée qui s’épaissit
plus ou moins selon
le précipité du temps. les mêmes gestes. par exemple ces jours-ci

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le paradoxe d’un grand silence descendu sur le monde d’un
ciel plus vaste nappe dépliée bleue jusqu’à loin l’horizon d’un
« on entend vachement les oiseaux en tout cas » du voisin et pourtant
le portail fermé comme l’univers
en réduction les choses
confinées –

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c’est bien ça : à la fois
mouchoir froissé & tes doigts déployés
plus loin que tous confins.

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car au fond, qu’est-ce qui change.

c’est encore son trou de tous les jours
le tour du quartier
la visite aux animaux, les choses
tout incrustées d’images
& d’échanges lointains
dans ça, c’est
son trou aimé
son trou creusé
derechef – c’est

peut-être ce creusement mis à nu
ce déploiement plus cru
plus ténu
ce fil

du C’est quoi ça ? de chaque jour
continué.

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bien sûr il y a l’hypertexte : le poème
est matière à renvois, cliquer dessus
donne aussi une vie sous cloche, la fenêtre
comme éclisse du grand large. mais ces jours-ci
l’œuvre est

________de juste t’observer, ouvrir

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le livre de tes gestes. les laisser
(s’)imprimer (dans) la gorge & qu’ils fassent
proliférer la ligne.

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À suivre…

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