par Flora Bonfanti. Toutes les contributions poésie & cinéma.
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« Notes sur l’écoute »
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L’acteur apprend à mentir, l’écrivain apprend à s’éloigner du mensonge. Vous me direz : le bon acteur ne ment pas. Il ment si bien que même à lui cela semble vrai ; il pleure quand il faut, sourit quand il faut, invente une passion avec l’acteur qu’il déteste. Les émotions sont peut-être vraies dans son corps, l’énergie est vraie, mais elles sont produites. Il cherche à produire un résultat qu’il connaît : Ce n’est pas une écoute, mais une parole. Son corps est un instrument qu’il apprend à maîtriser. C’est un artisanat auquel entraînement et goût suffisent. Mais ce qui précède le jeu, qui le prépare – la création du personnage – c’est un travail d’écoute qui ressemble à ce que fait l’écrivain.
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Seul un travail d’écoute permet de recréer la vie à l’intérieur d’une partition. Il faut l’avoir écoutée avec honnêteté pour en faire une image véridique.
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Le moment où Hannah Arendt découvre en Eichmann un homme insignifiant, c’est un moment de création. Tout en elle voulait y voir un monstre. Il fallait un certain courage pour laisser émerger l’observation, lui faire une place. Créer c’était l’accepter, le reste n’était que développements.
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L’écoute veut dire une attention qui ne s’accorde pas de repos, et qui se rétracte pour ne pas déformer le terrain.
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Creuser avec précaution et obéir à ce que l’on trouve. La précision en écriture dépend de cette obsession. Obéir à ce que l’on a vu, à peine vu, malgré les tentations des pensées déjà pensées. Ce sont des centres de gravité qui essaieront de nous tirer vers eux. Ils veulent être à nouveau dits. La formulation est un moment délicat.
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