Tarn tentation — Absolution

Par Étienne Besse

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Par-delà les surfaces, ruissellent les larmes du fleuve de vin.

Les poches chaudes s’assemblent, bombent l’alentour des arbres que le silence a liés comme des
malades qui s’entassent par grappes sur les mâchoires nocturnes.

Ils soulèveront l’eau sans racine et nous plongerons tout crus sur les reflets d’alcool tus.

La douceur avancée ouvre le sourire du diamant ;

Il se débat par gorgées de Léthé, le rire qui descelle peur, harmonie, paix du secret.

Nous progressons alors sur la chair lourde, l’épaisseur des soirées s’est défaite, — elles sont nues, nimbées par la lueur froide des âmes caressées.

Nous avons laissé nos vêtements de jour près des coupes cristallines : purs, nous nageons par flocons joyeux vers l’innocence des crimes invisibles.

L’argent de l’étoile s’est dissipé au fond de sa veille et soupire, désaltère l’audace faite légère.

Les méandres du monde se lovent, le fleuve noir d’amour transpire, injecte sans défense les formes de l’abîme qui nous transpercent.

Tout a pris corps liquide, ô souple, délicat parfum mouillé qui panse les échos de l’absence.

La charge isolée s’enroule, imite la montée, l’ombre fatiguée se lèche, furtive entre les masses inquiètes ou devinées.

La frise de son rire dissimule son baiser.

Cœur débattu recouvert d’un corps.

La lointaine source du monde s’est peut-être à l’instant libérée : perle le flux rare qui se retire absorbé dans un chatoiement futile que ta main servile a retiré : le souffle d’un rêve est mon baiser.

Mais voici l’ami : sa venue de fatigue sillonne la disparition, en rappel, accrochant les marques du feu sur la matière.

L’amour convertit le désir des soleils, tourne les yeux de flammes vers la soirée pour libérer de la permission d’aimer.

Se consument patience et faute, la tentation qu’évapore la crainte qui s’accueille au partage de l’être au passé.

L’entière buée distillée subtilise le geste d’une parole afin de vibrer, car jamais rien ne lave l’eau sale des songes.

Seul, le sang inarticulé par
l’effacement du vide.

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Un commentaire sur “Tarn tentation — Absolution

  1. Bravo pour ce poème où le vin ruisselle ; où l’on plonge dans des reflets d’alcool, où les diamants sourient, où les méandres du monde se lovent ; où les corps sont liquides et les parfums mouillés ; où les rêves soufflent et les soleils désirent, où la buée vibre ; et où même le vide s’efface.

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