par Gerður Kristný
traduit de l’islandais par Florent Toniello
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Il y a relativement peu de traductions de la poésie islandaise vers le français. La connaissance d’autres langues germaniques et l’utilisation d’excellentes ressources universitaires en ligne permettent cependant d’appréhender suffisamment cette langue pour lire des textes. Les poèmes ci-dessous, qui constituent le début du recueil Urta, de Gerður Kristný, sont donc un rendu poétique en français du texte d’origine par un traducteur en apprentissage. Leur enracinement dans un décor naturel et dans les traditions, au moyen d’une langue moderne qui s’attache à travailler la concision, sont une bonne introduction à la voix poétique de l’autrice.
Le mot urta, en islandais, désigne la femelle du phoque. Un temps, j’ai pensé le traduire par « phoquesse ». En discutant avec Gerður à Reykjavík, j’ai appris que la traductrice danoise a choisi de garder le mot dans la langue originelle. C’est finalement ce choix qui s’est imposé pour le français.
Florent Toniello
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Urta
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Brillants lichens
au crépuscule
telles des étoiles
se sont écrasés
sur la pierre rêche
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Yeux qui s’éveillent
dans les vagues froides
urta suit
du regard
mes pas
disparaît sans bruit
dans
l’épais liquide
*
Montagne
couronnée de brouillard
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Femme au filet ravaudé
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Un blizzard
gifle la fermette
Amas de neige
dans nos rêves
belle étendue blanche
*
La glace
fend les flots
emplit les fjords
les baies
les anses
craquement sonore
des surfaces gelées
*
Nouons ensemble le
filet à la pénombre hivernale
Badigeonnons-le
de graisse avec une penne
Massons-le de nos jointures
réchauffées
*
Nouons
hiver avec printemps
Enroulons l’été qui vient
de brise du sud
et redoux
Réchauffement et dégel
des craquelures naissent dans la glace
*
Les enfants brisent
les coquilles des congères
éclosent
de l’hiver
poussins sortis
d’un rocher sur la grève
Urta paraît sur un écueil
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puissant souffle d’images, ça respire, beau flux de sensations, love it.
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