Par Laurent Fourcaut
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1- Porto
RÉSISTE
Les maisons aux toits rouges grimpent au-dessus
du Douro sur quoi jadis transportaient les barques
le vin de Porto or on en est très déçu
ce commerce plein d’esprit aux célèbres marques
est supplanté par un tourisme de sangsu
es le réel étouffé sous les leurres les masques
se racornit exsangue de trop de blessu
res faut circuler dans les rues couvert d’un casque
l’église Saint-François d’un baroque emphatic
sculpte des arbres touffus pas du tout attics
bourrés de feuilles d’or et ravis par l’écoute
de la music de Bach ô suave oasis
dans la foule grégaire un sacré qui résis
te au cancer marchandisation coûte que coûte
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IN THE MOOD
Beignets de morue riz avec haricots rouges
dans ce restaurant populaire ah ! l’excellent
repas hélas à la fin il faut qu’on se bouge
plus tard bords du Douro on se repaît du lent
décours de la soirée le vent balaie les bouges
qui infestent la rive de leur pestilen
ce que le stylo soit de ce de-trop la gouge
qu’il rende ce monde à son courant de silen
ce éradiquant le prurit de la radio vile
on en crève pas vrai on devient atrabile
le fleuve lui est entièrement dans les flux
il refait de la nuit à n’importe quelle heure
en malaxant de l’air consistance du beurre
ménageant le retour du grand être velu
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FORME D’UNE VILLE
Rue encaissée donc fraîche dans un jour très chaud
l’y a de l’air et aussi des bruits bien atroces
un chantier à côté mais les gens : peut me chaut
la monstruosité ambiante orde et féroce
est leur pain quotidien faudrait être déchaux
vêtu de bure probe comme pour des noces
avec le rien divin et que l’argent facho
soit refoulé de partout fût-ce à coups de crosse
or ces travaux sont là pour y plier ce qui
du vieux Porto miteux mais demeuré équi
table au regard du rien était encore indemne
ainsi est-on aveugle à ce qui crève l’œil
au sonnet de service de porter le deuil
tout le bonheur de l’homme est dans un petit dème
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À suivre…
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[Illustration : Teodoro Maldonaldo, 1789 ]