Meriem

par Brice Bonfanti

Ce chant est extrait des CHANTS D’UTOPIE
dont le quatrième cycle paraîtra en 2024 aux éditions Sens & Tonka

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CHANT XXXVI

le ministère mystérieux de Notre Mer
SAHARA

من-مريم-ماكنـي-تليـاع

de Meriem, je ne m’éloigne pas
de son œil profond comme l’empreinte de son doigt
rien ne m’est étranger d’elle
mon cœur est captif d’elle

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Je n’ai rien de méchant, je suis un paysan. Mon nez s’allonge autant que dix becs de gabians.
Nous demeurons dans le désert
____ indifférents aux pires ondes____ de la ville immondiale en amas
____ où nul ne peut saisir l’obscure entorse, la complexité des problèmes – solides.
Nous saisissons dans le désert
____ la simplicité de la solution – liquide.
Expulse, hors corps, suc et pus. Pulse, dore, le crû
____ hors suc et pus.
Abolis les, car noyés les, ensablés les : laids cuirassés carapacés, désordonnés mais mé
crus libérés, les gigoteurs hystérisés comme un gigot électrifié, autant que les bigots coincés, aux gros viscères militaires : obstrués, de droitaille et gauchaille impériales, moralinées moralassées, sentimentalinassées, suroccupées des branches sans racines, et s’ingérant les populaires, planétaires racines.
____________ Et leurs mondes s’effondrent les uns sur les autres,
________________ chacun est l’enclume de l’un et le marteau de l’autre,
____________________ les guerres s’amoncellent qui colportent
________________________ les pires tragédies que l’univers supporte.
Et une fois que c’est fini, ça gémit. Ça se plaint que tout meurt, renaît pourri.
Je n’ai rien de méchant, je suis un paysan. Mon œil s’acère autant que dix becs de gabians.
C’est le scandale : Lassé à la nausée par l’émancipation narrée, ressassée pour bercer, vomie la niaiserie d’exquises fèces par caisses de lyse
occidécadentale : ça nous a amusé, un moment, trois mille ans, on en a abusé, moi-même, ça nous a abusé d’exquises fèces par caisses de lyse.
Pas resservis, merci, les tralalas : de résistance à trémolos (sauf celle occulte et d’eau) et de lutte hormonale (sauf celle occulte, nomale),
des seuls contre tous et du seul contre tous, et de tous contre un ou quelques-uns, lacrymales chiasses
qui ne modifient rien que le spectacle, geigneries qui déforment système avec – maudits regrès médits progrès – l’uniformité basse.
Hors l’immondiale vile ville avide à vide vide
____ d’esprit, et nulle d’acte à but, pleine d’hominidés truffés
____ d’allergies, phobies, désemparés par l’apraxie
____ dans l’incapacité d’effectuer nul acte à but, les chochottes zombies
____ s’entretuaient c’était marrant.
Quand au désert mué en mer muée désert vu su lu acte à but,
avec fous, foulques, fuligules, grèbes, grives, grues, gangas, tchagras, puffins, serins, courlis, sirlis, pies, pipits, pigeons, faucons, hérons, bécasseaux, moineaux, pouillots, monticoles, rousserolles, torcols, hirondelles, sarcelles, tourterelles, pétrels, chevaliers, guêpiers, pluviers, tariers, martinets, traquets, aigrettes, alouettes, bergeronnettes, fauvettes, marouettes, mouettes, bruants, cormorans, engoulevents, flamants, gabians (ou goélands par amplification de la mouette bretonne gwelan), milans, pélicans,
nous n’avons rien à battre les ailes des villes, tentaculant la vile ville
____ immondiale, dont nous ne savons rien, dont aucun dysangile ne parvient
____ – qu’approche le seul malade art, qu’approche seul le poète à malade art.
Il ne sera rien dit, ici, ça n’est pas le sujet qu’est la mer, des projections sur qui ne les demande pas de l’arriérée
avant-garde impériale occidécadentale, qui défigure à sa figure défigurée.
Pas chute au piège : la mer chantée, la Sahara. Même connues, mais tues, les épopées – contrecarrées en ronde.
La Sahara qu’on aurait pu nommer aussi, ici : Tiniri. Tous les noms sont précédés d’autres noms, jusqu’au silence.
Je n’ai rien de méchant, je suis un paysan. Mon cœur s’étend autant que dix becs de gabians.
Des éveilleurs nous ont trouvés.
____ Nous étions prêts de notre éveil, hors de l’inverse boucle aux vices
________ vers le cercle à vertu, hors boucle aux vices.
Mais le tort vient toujours de plus loin, apparu d’une larve de tort il y a très longtemps,
____ et puis une autre la renforçant, jamais décrue,
____ au fil des larves le tort a durci, s’est forci
____ jusqu’au jour de l’acné où il sort au jour, mûr car crû.
Comment font-ils pour s’étonner, encore, des plus grands des méfaits :
____ Rien n’étonne et tout lasse
____ sauf une vérité approfondie par le bienfait le plus petit, qui nous surpasse.
Des mémoires les pires des morts, le pire est mort à la mémoire.
____ Le labeur à saveur de labour se savoure.
Là je vois les bateaux qui s’en vont, les paquebots, la mer en feu
____ vers l’occidécadent s’y brûler, dans l’enfer aux ferments.
Dans le divers ethnosphérique, le divers salutaire des ethnies toilant la sphère, tournant autour du Beau, du Point : Pivot,
la poésie de notre mer est dégagée, embrasse les contraires vus sus lus : complémentaires, dans la mer à ressac et à sac vue sue lue ;
celle des villes tractuelle et engagée dans l’aplatissement par propagande, ignare de l’immensité : pas poésie, tract à benner.
Traces de polémiques, encore à l’œuvre, dans l’œuvre, qui doit s’en nettoyer. Traces de guerres à la mode, sitôt parues passées.
L’immondial monde à zombies est mort tari. Je chante le beau monde ici, dans nos yeux nouveaux-nés. Et maintenant, c’est Meriem qui commence son chant :

La Sahara
est grande
et miséricordieuse.
Notre Désert
est grande ________ et miséricordieuse Mer.

(Le désert continu n’est pas chapitré, mais rythmé : de halte au puits en halte au puits, comme la mer continue de terre en terre.)
Le soleil sort des nuits de mer. Soleil qui vit, gît dans l’or qui
____ a luminosité à l’animosité, qui confère lumière amène : lumène.
Je m’imbibe au soleil qu’on m’a trop ôté, qu’inerte seule me suis trop ôté, mon soleil retrouvé à téter, d’où les délices
dès son lever, le soleil entre où je dors et m’éveille, tente ouverte à la tête, et me couvre en hélice.
Le matin c’est le thé et la traque à la tique sur peau.
Les Sahraouis sont Sahragènes. De Sahara originaires, de l’eau pontique, condition d’œuvre vers la Pierre. La pierre à lest.
Les structures des pierres, sur mon corps, interagissent avec celles dans mon corps qui les riment, et qu’elles peuvent réparer ou dilater.
Dans la pierre polie d’eau, la pierre d’eau, on peut nager. La lapis lazuli est une vierge mer peuplée. La Pierre à l’Est.
L’ocytocine de nos chiens nous défendrait, s’il y avait attaque. L’amour agresse qui agresse son amour et monte ami.
La rencontre a son lieu dans le feu. Ce que l’on y a mis monte ami.
Quand le désert est enfauvé d’hominidés, féroces, nous demandons à notre feu d’élever sa barrière, qui les effraie comme elle effraie nos intestins féroces.
Dans le désert aux puits, entre les puits ça manque d’eau. Sur la mer d’îles, entre les îles, aussi.
Traverser le désert avec le chameau doté d’outres, guerbas de bouc. La mer avec les fruits de terre, sur le bateau. L’herbe au chameau, à l’humain l’eau.
J’ai perdu connaissance au désert
____ par soif immense
________ j’ai trouvé connaissance de l’eau.
C’est l’énorme harmonie.
____ L’idée c’est de ________________ lier l’île à l’eau lue.
________ L’idée c’est de ________________ plier les lois aux plis de mer légale.
____________ L’idée c’est de ________________ saisir l’eau libre.
________________ L’idée c’est d’________________ ouvrir la main à l’eau qui flue.
Jadis, le désert mer, comme du désir mère, alla là. _________________________–____ Là il y fit
____ que tous eurent recours à la nage. ________________________________________-_ Il y fit là
____ des déplacements lents comme lave en coulée, fondamentaux sans rage._- Là il y fit
____ des trésors de désastres, longue agonie,
____ des sorts libres qui sortent des races, longue agonie. _______________________ Il y fit là
____ des gâteries, des gâcheries chéries, des débris, des clapotis de bris. _____-__ Là il y fit
____ que parurent radeaux, impuissants face au flot, qui alla là. _________–___–___ Il y fit là
____ la vie à l’eau qui alla là.
Ton image figée par les œillères de ta part coupée de tout, ta part sans tout, c’est terminé.
Il faut près, loin, très près, très loin, du spatiotemps voir
pour ne plus voir que désert sec mais aussi voiles sur la mer aux vies, hippopotames parmi, pêche en mer aux vies, crocodiles parmi, forêts d’acacias, pas pistachiers, de jujubiers, pas cyprès, et roseaux, bœufs parmi, nappes vastes de lacs, nénuphars, la mer aux vies.
Vois tout simultané ____________________ partout. Quitte ta part sans tout.
Les successivités, les successions, c’est terminé : ________________ partez.
____ Fini l’entraînement, pas engoncé ________________ dans le temps prisonnier :
C’est conjonction des opposés.
____ Désert et mer joints ________________ un barzakh entre deux.
____ Mer de sable et désert d’eau joints________________ les voix charmantes
____________________________________________________________________________marrantes des marins.
Les marins désertins peuplent mer et désert.
____ Un barzakh entre deux les sépare en reflet
________________ où tout, où tout ________________ possible est caché ;
________________ où tout, où tout ________________ l’embryon d’or est lu.
Nous retournons notre regard, pour voir
____ la Sahara, l’eau permanente de la mer aux dunes d’eau, vagues dunées
____ sur le globe marin où tout flotte parmi les miroirs, les îles zélées.
Cheminons sur la Main de Meriem
____ poissons fous sur l’afus.
Plongeons dans l’eau d’enseignement,
____ du savon de sagesse, dans la Mer de Meriem ____ stéatopyge et callipyge
____ notre demeure et notre dame qui domine
marine aux mains
____ de mer à nuées, marine à la mer dont les mains
____ noient les huées,
marine a la main
____ douce au sel de l’air quand
____ mer en douce aliment
marine aux mains de verre en mer tient
____ l’air sourit si sa main
____ lime l’eau sous le sel, cède aux lignes salines
____ demain, la mer marine a l’air pour elle, en sel
la mer marine à l’eau, bleu phosphoré,
____ marine au sel, blanc hydraté :
____ bleu sel, blanc ciel.
Le sel ne se lit pas, ne s’écrit pas.
____ Le sel se voit.
Il y a des poissons sahraouis sur la main de la mer, des poissons sur la Main de Meriem.
Tous les poissons de la désert de Sahara, du désert de
____ la Sahara, voient perler par coulée goutte à goutte
____ des piscicules qui ont fui
____ la ville immondicielle.
Les sales villes bougeaient. La bonne ville est sans bouger, c’est la mer qui bouge. Comme l’île, bonne fille de mer, la bonne ville, bonne fille de terre, est sans bouger.
Les piscicules qui ont fui
____ quêtent l’île du cœur de la mer.
Les poissons sahraouis ____ les accueillent : il y a de la place
____ au désert d’eau de mer, qu’ils se fassent
____ eux aussi des poissons sahraouis ____ à l’œil ouvert, la gnose close.
Les néophytes nagent dans le bain de gnose close
____ d’amour poisson, action, pas passion. Les poissons
____ sont croyants, connaissants, aimants, vivants.
Naviguons sur le long désert d’eau, la barque
____ aux poissons livres
____ de gnose close à ouvrir.
La passion du poisson qui pâtit l’asphyxie, hors l’eau
____ expire en l’air hors l’eau.
Les poissons, dans la barque, ne sont pas morts la gnose ouverte
____ mais vivants dans l’air sont
____ comme un poisson dans l’eau : gros des gnoses de l’ère qui vient
____ après celle qui meurt fracassée, dont rien n’est à sauver.
Mais toi tu
____ n’as pas su
____ qui j’ai vu.
Il y a, je les vois, quelques mouvements d’eau au plafond par reflets dans la tente qui semble flotter : tout s’unit doux.
Le signe émis
____ par le désert aqueux s’unit doux.
Le mot____ s’accroche aux peaux. La peau s’accroche aux mots.
Notre contemplation du texte, mixte, s’unit doux, s’unifie dans le riche illettrat riche et doux : s’accroche aux peaux.
Magique ami, revu. Courrier caché, remis, accroche aux mots. Le Centre y est.
La datte affable germe, gerbe à parole : accroche aux peaux.
La séminale eau
____ parole : la jouvence intérieure, close,
____ est telle qu’elle, séminale eau,
____ aimante tout par remontée dans sa jouvence, gnose.
Sahara bleue, avant que verte.
Plonger, c’est entrer en forêt
____ depuis la canopée.
Sous la surface exotérique de la mer, tu découvres la terre marine nouvelle :
____ c’est l’immense piscine où poissons sahraouis, les piscicules, se multiplient.
De l’inconnu profond, émerge le poisson à l’œil ouvert
____ comme l’énigme qui fait signe vers le fond ; et du secret obscur, sort le serpent.
Il y a des serpents dans la mer aux poissons qui ondulent, néfastes, autant que fastes,
____ en successivité simultanée comme chaque acte, lancé en dé.
Les yeux des poissons brillent, toujours ouverts, dans le fond de la mer, là où la mer est vinaigrée, où le mal s’avalanche.
Le poisson sahraoui est placé dans le centre, punctiforme, du hameçon cruciforme, pour appâter les deux immenses monstres de mer.
Ce sera une guerre entre monstres de mer, qui se montrent
____ dont on saura, à la fin, qui des deux est néfaste, est faste
à moins qu’eux deux soient les deux
____ mais monstres, pour la masse exotérique se montrent
____ l’un néfaste et l’autre faste pour le jeu
____ du deux qui vu du fond dedans est jeu, vu du dehors n’est que sérieux :
c’est un jeu nécessaire et sérieux entre pôles amis comme ennemis
____ que le connaître ésotérique manie.
Les poissons sahraouis se replient en apparence visible, se déplient en essence invisible.
Les spectateurs hominidés ne regardaient que l’apparence
____ des Sahraouis se replier, les acteurs inacteurs
hors du spectacle qui actionne le spectacle, sans y pâtir, au-delà des actions mais au cœur.

La Sahara
est grande
et miséricordieuse Mer.
Et grande
et miséricordieuse est Notre Mer.

Tout jour, bon, cinq plages temporelles préservées, spatiales, pour mon corps animé :
____ Une plage de vie minérale, je minère.
____ Une plage de vie végétale, je végète.
____ Une plage de vie mycale, je mycète.
____ Une plage de vie animale, j’anime.
____ Et une quinte, spirituale, j’esprit
____ vers l’intégrale vie, pivotée par la quinte, de la composition des cinq fonctions.
Si tous les rythmes
____ rythment le Rythme,
le rythme interrompu, même malade, rythme rompu
____ mène au malade inéquilibre, joyeux, jeu
____ métamorphique vers le rythme
____ héritier : fidèle et rebellé d’autre salut
avant que ce dernier soit à son tour
____ rompu, pour une autre naissance inédite
____ de rythme
car tous les rythmes
____ rythment le Rythme.
J’augmente mon désordre, ça change mon ordre ; diminue mon désordre, change mon ordre.
La mer sablée, mer pétrée : le désert d’eau salée, l’immense germe aux vies,
____ le désert est fait mer : les conflits nuls ____________ s’annulent.
Le soleil fait sourire la mer d’un sourire multiple clignotant
____ d’éblouirs ponctuels plus que blancs jusqu’à l’aveuglement.
Mer ciel en bas, soleil en haut, entre les trois : gabian au vent.
Les gabians rient, les goélands si occitans mis
____ en pièces pis : en bribes, ça et là mises
____ en tresse et caresse, revivent luisent, chimie démise.
Les narines marines
____ où circule le vent d’où la vie ____ sont ouvertes.
Et si le vent était ce qui ____________________ fait sonner les cloches ?
____ est mouvement des animaux porteurs ou non de cloches ?
Sur la mer saharienne aux rafales folles, le fou vent court, la course en vol, le fou vent court.
Le vent violent, volant, fait voler : ce qui est mal ou dé
____ raciné, pas d’ancre à l’eau. Et les vagues se lèvent par le vent qui soulève le fond de l’eau.
Le rugueux choc
____ rugueux ____ choc rugueux choc ____ du vent
____ vers la mer qui n’est pas effrayée, l’enchoque : met son choc dans son choc.
C’est la cosmie. Ça n’est pas l’ ____ acosmie, son antonyme.
____ L’antonyme au cosmos ça n’est pas le chaos, qui le larbine.
Sahara comme averse de sable, tempête d’eau, avers du sable, l’inverse en l’eau.
C’est la mer où
____ blessée, la vie est recouvrée.
C’est la mer où badinent
____ les dunes d’eau C’est la mer où
________ persévéré, l’écroulement s’étale hors du temps.
C’est la mer à roulis, la mer où lit
____ la lune à l’eau, la mer où lit la douce issue
____ à l’eau insue la mer qui lie, la mer qui lie
____ les longs duos en multiple solo, solo choral, instantané, la mer qui lie
____ grâces mâle et femelle où luit l’air beau :
________ longs, les alizés lisent____ la mer qui lie.
Ta présence noie toute le lieu.
C’est la mathématique qui régit
____ tout lieu, et cette phrase aussi.
Et qu’est-ce qui régit
____ la mathématique ?
C’est la mer non mathématique.
____ C’est la mer immathématique, et démathématique, et ammathématique :
Amma Mère du Livre.
____ Ce qui importe en premier lieu
____ n’est pas le Livre mais sa Mère.
La terre est mère, première
____ pour nous, la mer antépremière.
La mer n’est pas première et la terre seconde, non : la terre prime, et la mer antéprime.
Le déluge s’apprête.
De la prairie d’Utopie, possibles manifestes comme immanifestes
____ les neuf livres sont l’arche :
lus par le neuvième œil, l’œil neuf sauve et garde et sauvegarde
____ ce qui doit l’être, et laisse se noyer la merde inepte________________ dont l’immondial.
Je me noyais. Ramenez au rivage
____ mon âme incorporée. Mais le rivage c’est la mer, encore. Les corps s’y noient.
Les corps s’y noient
____ pour respirer, feue l’asphyxie,
____ dans l’air de mer, mer curative et mercurielle. Les corps s’y noient.
La mer noie
____ où le labour orant savoure
____ de joie marine
____ tous les accusateurs, agités de concert sans concert – concertation, se concerter :
____ le maléfique n’est pas libre.
Sur la surface de la mer, des événements dansent : mouche non écrasée, œil clos, livre ouvert, bavard sans mot, méchef tué, sourire hominidé au chameau, amour de bas en haut.
Sous la surface de la mer, je vois ce qui commande chaque événement comme une essence : sous chacun, collée sa pyramide pointillée, collée sous la surface base en haut,
base d’événement ; apex pointé vers le fond de l’eau :
____ pyramide flottant, selon la mer, sous son événement. Quand je m’approche d’une
je vois que ça ne sont pas tout à fait qui la pointillent des points espacés, mais plutôt :
____ cristaux de neige, idéogrammes tridimensionnels :
les idéogrammes forment quatre arêtes de base,
____ et quatre arêtes centripètes vers l’apex ;
les idéogrammes forment la phrase
____ pyramidale, codant l’événement, sa danse aussi, sur de l’eau le cortex.
Nous marins désertins, nous sommes des événements sous la surface, de subficie. Nous pouvons manœuvrer les pyramides codant les événements sur la surface, superficie.
Les événements sur la surface ne peuvent pas se modifier les uns les autres sauf passivement, superficiellement et extérieurement : avis aux bigots, militaires, gigots, militants.
Nous poissons désertins, nous modifions tous les événements activement, subficiellement et intérieurement. Nous ne nous émancipons pas, ne sortons pas de la puissance.
Nous nous immancipons : faisons entrer dans la puissance, pour la marionnetter, la non puissante outrepuissance.
Nous désertins poissons marins, nous sortirons de sous, apparaîtrons dessus, marcherons sur : la mer.

Notre Désert
est grande
et miséricordieuse Notre Mer.
Et Notre Mer
est grande____ et miséricordieuse Mère.

La nuit ouverte laisse entrer les influences de la mer, qui agissent dans l’âme. Quand je ferme les yeux, je m’enferme dans l’âme
qui s’ouvre. Les remous se font doux, puis planent, planent les remous doux. La mer me doue d’accueillir tout. La mer me meut, même la nuit me meut, me doue
d’allures vastes neutres. La mer me doue d’accueillir tout : et le digne et l’indigne, exterminant ce qui s’indigne. Boussole en digue, planent les remous doux.
Bien axée, dans mon lit jaune et bleu
comme un soleil en mer malaxé, je réagis
____ au cosmos qui signifie
où est mon bleu : réactionnaire
____ cosmique, et actionnaire, j’agis
____ le cosmos qui m’agit.
La discussion est diabolique, la mer l’engloutit.
Quand Meriem est fondue à la mer et au ciel fondus, un tombeau est monté pour enterrer et emmerrer et encieller sa connaissance. Le ciel est ce qui est celé.
Ses livres déposés, tous leurs exemplaires disparaissent de la terre, du ciel et de la mer, mais aussi du cosmos où ils avaient été épars. Le ciel est celé.
Un lecteur sur la lune se retrouve la main vide. La connaissance de Meriem demeure uniquement dans la structure du tombeau. Le ciel celé.
Dans le corps de Meriem, mer d’eau, tous les corps nourrissons, sauvés, ceux qui furent tués, la nuit, ou devant les parents, ou par les parents mêmes, gênés :
tous les meurtres d’enfants sont effacés dans la mer d’eau, relevés dans son corps doux qui sauve, tue les tueries d’enfants, infanticidecide
dans le corps de Meriem, la vierge mer du ciel au-dessus de la terre, sa fille mère. La Vierge Mer, dite autrement : la Possibilité. C’est la Mer aux dix mille vivants.
Soudain.
La Sahara, aspirant à sa Sahasrāra, aspirée par elle, se lève en vague unique, immensissime autant que densissime. Le temps qu’elle se dresse, l’instant qu’elle se dresse, tous les vivants sont pétrifiés. Et les pierres de lune escaladent sitôt, s’acceptent vers l’apex, vers le haut de la vague maintenant pyramidale. La mer est vague pyramide, le plus haut possible hissée, la Sahara est gigantesquissime d’eau, amplifiée au large, exaltée en haut. Et les pierres de lune se ruent à l’apex, couvrent l’apex, quand le fond de la mer sahraouie est toute noire en tourmalines, qui s’agglutinent, pour pousser le sommet le plus haut vers le haut. La Sahara pyramidale, c’est l’immuable événement devant tous vents, la mer événement, plus seulement mer aux événements, flottant superficiels, régis par pyramides subficielles, elle est : l’Événement, majuscule, régi par elle-même pyramide, composant comme composée de tous idéogrammes inimaginables comme imaginables tridimensionnels, mais aussi : outredimensionnels.
Passe l’instant.
La vague sahraouie, qui soulève notre hallucination, va retomber, s’affaler en unique cascade, immense en différences, de différenciations de plus en plus précises, des gouttes embryonnes, des embryons de mille et mille et mille mers, de mille et mille et mille vagues, de Sahraouis, de poissons sahraouis, de boucs sahraouis, de chameaux sahraouis, et d’îles permettant de naviguer, d’élire, par les marées, nos saluts hier obsolètes, aujourd’hui liquéfiés, liquides faits, c’est-à-dire possibles, dans l’absolu, dans tous les relatifs, donc, qui peut le plus peut le moins, qui peut l’absolu peut tous les relatifs, mais l’inverse jamais, qui ne peut pas le moins ne peut pas le plus, désolé pour les hominidés, allez crever, pas désolé, solé pour les humains, les différenciations peu à peu vite précisées, précipitées, par la chute de la vague qui retombe à terre, reformulée : la terre est par la mer reformulée, merci la mer, merci le ministère mystérieux de Notre Mer.

Le déluge a passé. Le feu l’eau retirés. Six cents et soixante et six hominidés ont souvécu hors-sol en l’air, malnutris par leur exil au gaz ; et trois cents et trente et trois enfants humains survécus sous terre, nutris par leur foyer l’humus. Les souvivants hominidés ravagent ce qu’ils peuvent, itèrent leur massacre de virus.

Neuf caisses hermétiques de plomb humble dispersées avant déluge sont trouvées après longtemps. Six caisses, par des hominidés ; et trois par les enfants. Six gaspillées, et trois fructifient d’or. Chaque caisse contient neuf livres. Chaque livre neuf chants.

Comme une chrysopée, en se faisant désert d’eau humble, la mer de sable avait connu son hydropée.

Après la mort heureuse des bavardes épopées, a surgi salvatrice : la mutopée. Tout autant mythopée, si le mythe est mutique, et le muet mythique.

Nous sommes tous muets de mer.

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AUX SIMPLES D’ESPRIT

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