Une femme perd silence (2/7)

par Julia Lepère. Lire le premier épisode.

 

 

Avant que ça ne commence

Je rêvais au cinéma, aux fictions dont nous sommes issus, tissu d’où nous nous démêlons –plus tard un ornement
Ici les images qui n’existent pas seront regardées méticuleusement :
Une femme voudra arrêter les images invisibles et laisser le regard
Où il est
-Me voyez-vous ?
Une autre parle mais ne sont intrusifs le regard ni la voix la seule intrusion possible est
Le corps dans un corps le corps dans une maison
-souvent il n’y a rien à voler
A force de mimétisme je me suis changée en une créature
Au corps pensant –dedans on ne vole rien on
S’y dépose

1/ Fenêtre, reprise.
Mes images n’ont pas encore changé de position.

Si j’imagine que derrière la fenêtre rien de grave ne se produit ni à l’intérieur ni à l’extérieur alors un corps pourrait bien ne pas être mort comme il pourrait trembler sous un drap, fièvre, une fenêtre est fermée dehors il doit faire beau on se cache du monde, On est qui ? Une autre voix qui ne dit pas ce qu’elle sent et/car ne sent-elle plus rien ? Une voix, sans la sensation du rideau qui la sépare du reste du monde, seulement une vision constante et fugitive, passant le doigt dessus, poussière comme sur un piano dont on ne joue pas

2/ Confusion de feuilles
Faire le tri dans les images.

Arrêtons-nous un instant avant que ça ne commence, voulez-vous ? Vous voyez ces fougères j’aime beaucoup les fougères, les fougères me font penser à la préhistoire, et aussi aux bêtes que nous sommes, à une grotte encore préservée des humains. Et voilà que sur la photo la forêt a de nouveau un espace blanc pour exister, voilà que la forêt ne charrie plus bêtes et souvenirs mais qu’elle redevient -à un endroit du moins- neuve comme la grotte dont je parlais, espace vide pour la pensée. Et puis l’on se demande qui a posé là cette feuille blanche, on pense à la main de quelqu’un et moi je pense à une main sur ma cuisse. Je ne sais quoi en faire. Pour l’instant je la laisse là, mais de nouveau ma mémoire chauffe. L’oubli est nécessaire : on recouvre, on laisse vacant. Pour mettre de nouveaux meubles, et puis le piano contre le mur, je dois apprendre à en jouer. Je ne pourrais jamais apprendre si les fougères ne cessent d’envahir la pièce, et de plus elles risquent d’abîmer le piano car qui dit fougères dit forêt dit humidité, et le piano risque de pourrir. Enfin, le bois du piano. Comme la feuille blanche, et tous deux étaient auparavant des arbres mais étant fabriqués par des humains, ils ne poussent pas ainsi au milieu des fougères. Le piano est caché par la feuille sur la photo.
Dans le film qui n’existe pas il y aurait aussi un piano contre un mur dont Elle ne saurait pas jouer, mais Lui oui, dans le film existant déjà tout est calqué sur lui. Déjà, ma tête est pleine de doubles. Je tente, comme sur la photographie, de poser une feuille blanche dans ma tête : ouvrir un espace au sein des images dans ma mémoire, ouvrir nos mémoires comme si nous arrachions de la pellicule, effacer le film, chercher, au milieu des fougères, une histoire vacante.

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Les personnages seraient
Jack, qui voyage et regarde les femmes
Ferdinand, qui écrit et s’inquiète
Ils se ressemblent cela va sans dire
Marianne, une jeune fille frêle quoi dire d’autre (le réalisateur dit que Marianne, on doit voir son corps sa peau doit prendre la lumière comme on prend la peau avec les yeux
ouverts)
Le réalisateur, on ne le voit pas il est partout, comme Dieu. Ses mains sont petites, il porte des lunettes, il a l’air malheureux.
Une femme tente de rectifier le scénario déjà écrit en peignant par-dessus. Il ne s’agira pas d’effacer l’émotion née d’une peau non ridée sortant d’une baignoire moussante, seulement d’y rajouter la bouche entrouverte de poissons clowns, ou de montrer le papier peint suranné couvert de roses, rappelant les anciens corps auxquels se superpose le jeune corps et,
Y aura-t-il des fantômes dans ce film ?
Peut-être qu’il y aura un ou deux fantôme(s) -qui ne sortent plus de chez eux depuis longtemps

Le réalisateur dit : Il s’agit d’archétypes d’homme et de femme,
Il s’agit de parler
D’un crime commis sur une plage de la violence dans les rapports -non

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C’est simplement
Un film d’aventures.

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