par Pierre Vinclair
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Paterson, de W. C. Williams, est sans doute parmi les livres de poésie, l’un des plus beaux. On peut y lire, dans l’oubli de toutes les chapelles, une alliance parfaitement aboutie entre l’expérimentation formelle et la narration, entre la promenade urbaine et l’écriture de soi ; un manifeste à la fois lyrique et distancié ; le magnifique testament, enfin, d’un auteur ayant su mettre la virtuosité formelle au service du réalisme le plus touchant. Toutes qualités que rend parfaitement la traduction qu’en a publiée Yves di Manno en 2005 (après une première version en 1981).
Tout le monde le sait, Jim Jarmusch a réalisé récemment un film éponyme qui a eu son petit succès. Quoiqu’il n’ait, paraît-il, que peu de rapport avec le poème de Williams, il en a tout de même relancé les ventes. J’écris « paraît-il » parce que je ne l’ai pas vu. Mais même pour qui ne l’a pas vu, les questions se posent : quels rapports entretiennent au fond la poésie et le cinéma ? Y a-t-il un lien entre ce qu’on appelle l’image ici et l’image là ? Aime-t-on un film comme on aime un poème ? Écrire un scénario, cela ressemble-t-il à écrire un sonnet ? Une performance est-elle un jeu d’acteur ? On parle de « cut-up » et de « montage », n’est-ce là qu’une métaphore ? Ou peut-il y avoir identité de geste entre ce qui se déroule sur un écran et ce qu’on peut lire sur une page ?
Pour répondre à ce genre de questions, au lieu de commencer par voir Paterson de Jarmusch, ce qui aurait été l’attitude la plus sensée, j’ai bêtement ouvert L’Image-mouvement de Gilles Deleuze. La lecture de ses premiers chapitres m’a embarqué vers une question beaucoup plus générale : « quel est l’objet du poème ? », me déportant sur un autre chemin depuis lequel j’ai perdu le fil, ou plutôt la bobine du film.
Nous avions pourtant dit, à Catastrophes, que nous consacrerions le numéro à ce qui rapproche la poésie et le cinéma. Mais je n’y connaissais rien ; il m’aurait fallu une vie de cinéphile pour seulement essayer de commencer à y répondre. J’ai donc préféré les confier à des poètes qui, du fait de leur travail, de leurs études ou de leurs goûts, ont quelque chose à dire, et à nous apprendre, de leur rapport au cinéma. On trouvera dans ce numéro six pièces (entretiens, note, lettre) à verser à ce dossier, ainsi qu’un sentier critique par Laurent Albarracin, sur Cinéma de l’affect de Sandra Moussempès.
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[Illustration : photogramme de Paterson, de Jim Jarmusch]
Wow, Pierre, Guillaume, Laurent, Je crois que ce 24 est l’un des meilleurs numéros de *Catastrophes* ! Bravo ! Et merci ! Je sauvegarde ça sur l’ordi portable pour pouvoir tout savourer tranquillement ce soir dans mon lit. You made my day, and saved my evening! Take care,
Sabine
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Oh merci Sabine, pour ce mot si gentil ! Bonne lecture !
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Merci Pierre et les Catastrophes ! bons mouvements,amitié,S Sandrine Cnudde Chemin du Cimetière 30700 UZES – France Mobile :+33(6) 23 49 49 26 sandrine_cnudde@yahoo.fr http://www.sandrinecnudde.blogspot.com
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