Par Clément Kalsa. Téléchargez ici le pdf complet de « mainmorte »
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IV.
D’une main, je parcours la maille où sont inscrits les noms
Hoquet immobile gravé,
De l’autre, je bée mon être vers cette clairière
Tout à la fois,
Élan et loi.
Ah ! Je suis étendu sur ce tapis tressé,
J’étreins cette matrice de plaisir et ce rire,
Que je reconnais : c’est ma voix
Ah ! Lorsque ça sonne, c’est moi que j’entends,
Ah ! Quelle somme quand le vin n’affecte plus les sens,
Car ceux-là ont perdu leur pouvoir de dissimulation !
Ah ! Quel plein que l’esprit qui peut se mouvoir,
Sur le trône, parolant avec dignité !
L’instrumenté que je voyais,
Lieu vivant du désert, si loin d’accéder à la parole,
Dieu, quelle voix que la mienne et mon cœur qui se noie !
Cette liberté est sans langage,
Elle n’est pas bavardée.
Composez un peu, ma folie,
Je m’étouffe sur cette parole nouvelle !
D’un œil, un nouveau langage est parcouru, nommé,
De l’autre, j’appelle un vocabulaire nouveau, sans mètre,
Mon baroque paraît de voix !
Je est abandonné,
Lui veut exister pour moi.
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V. Mainmorte
1.
les douze busards et faucons
lieu mobile, contemplation,
tournoient l’orgueil du cynégète
Altavilla milicia,
répétés, délire et soupir
de la maîtrise
sans amour, sans chien de recherche au sang
le fauconnier et ses busards sont une délirante maîtrise
et apprennent aux rois et à leurs enfants à chasser
du mal ce qui est bien – travail infini, infini
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2.
douze busards masquent dans le ciel du cloître
l’arrivée de l’oiseau faisant déchirure
du corps d’ordure
Du maître enfin libre d’organe
libre, sans les turgescences de la raison
« aux enfants des rois, je confie
licences et prescriptions
afin, mainmorte, de ne rien léguer
pas même la résistance au monde
je n’ai pas fini d’apprendre et je suis mort
“dans mon jardin”, sous le vol de mes busards »
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